Les tics et manières des écrivains

Si vous êtes lecteurs assidus il ne vous aura pas échappé que les auteurs ont des manies. Parfois elles nous ravissent , parfois elles nous exaspèrent.

Tenez, il y a une mode chez les anglo-saxons de coller quelques lignes d'un poème devant chaque chapitre. S'il est ténébreux et cryptique c'est encore mieux. Si l'auteur est inconnu au bataillon (au hasard le mari/père de l'auteur) c'est parfait ! (Ou alors c'est du Shakespeare ou du Keats pour faire classe. )

Personnellement, je fais l'effort de lire pour les premiers chapitres et ensuite je zappe. Pourquoi ? Parce que ce petit interlude coupe totalement le rythme de l'histoire et le flot de pensées/émotions dans lequel je suis. Parce que les trois quarts du temps ça ne veut strictement rien dire. Attention, je ne dis pas que le poème est nul, non! Simplement sortir deux vers de leur contexte pour illustrer le chapitre où Lina et Greg se font courser par un monstre tentaculaire dans une zone industrielle désaffectée, me laisse plus que dubitative. Disons que si je veux lire de la poésie j'ouvre un recueil de poèmes.

Cela peut paraître un jugement à l'emporte pièce et c'est en partie vrai. Pour nuancer je dirai qu'ajouter un bout de poème devant un chapitre une fois de temps en temps peut apporter au récit. Simplement mieux vaut ne pas mélanger les genres.

De mémoire, c'est en lisant du Anne Rice que j'ai découvert cette habitude. J'avais trouvé ça pénible : les poèmes de son mari/père sont définitivement incompréhensibles sortis de leur contexte. Néanmoins dans le contexte gothique décadent de ses œuvres cela ajoute une décoration supplémentaire, donc la validation peut se faire.

Étonnamment, je ne suis pas allergique aux citations mais peut-être est-ce du au fait qu'elles se situent plutôt dans d'autres types de publications.

Et puis parce qu'il est aussi bon de relater des découvertes agréables, je tiens à signaler l'initiative originale d'Alain Damasio qui dans son best-seller "La horde du Contrevent " * a pour sa part choisi de mettre en annotations les références musicales pour lire "dans l'ambiance " . (On sent le rôliste chez ce monsieur.)

En bref, mesdames et messieurs les auteurs soyez créatifs, respectez l'élan du lecteur et ne cédez pas au sirènes de la mode !

* Lisez "La horde du contrevent", vraiment. Le système d'écriture des dialogues vous demandera un effort de départ mais le livre en vaut vraiment la peine.